Paris, ma grande

 

Déjà 5 semaines depuis que nous t’avons quittée, sans hésiter, pour rejoindre le sud de notre enfance, rassurant, familial, amical, le sud que l’on aime et dans lequel il fait bon vivre, même en temps de confinement.

© Adrien Xplr

Toi que l’on a l’habitude de côtoyer depuis des années, au quotidien, qui nous offre ton bouillonnement, qui nous électrise, nous stimule mais nous fatigue aussi. Oui, tu es grande et tu sais être épuisante.

Pourtant, on revient vers toi inlassablement. Probablement parce que tu nous apportes ce qu’il est difficile de trouver ailleurs : une offre infinie de culture, de food, de musique, de nouvelles rencontres, d’opportunités. Tu débordes d’énergie et en fait profiter ceux qui ont envie de vivre une vie intense, à ton image.

Tu séduis la jeunesse, fais hésiter les trentenaires, conquis les parents bohèmes en quête d’une jeunesse éternelle et la boucle est bouclée. Tu nous offres un défilé de personnalités, un mélange de couleurs, un changement d’horizon à chacun de tes arrondissements. Tout est possible à n’importe quelle heure, à n’importe quel moment. Trouver un dimanche soir au coin de la rue cet énigmatique ingrédient thaïlandais indispensable à la réussite de notre recette est presque devenu la norme.

Tu nous garantis de l’amusement, de l’énervement, des joies, des peurs, des envies et des frustrations. Finalement, tu donnes autant que tu prends.

« Le vrai parisien n’aime pas Paris, mais il ne peut vivre ailleurs »
— Alphonse Karr

Alors plus on grandit (ou vieillit !), plus on se dit qu’il va peut-être être temps de s’en aller. Mais partir, ce n’est pas aussi facile. Sais-tu pourquoi? Parce que quand on te quitte, on ne revient plus.

© Nil Castellvi

En te laissant derrière nous, le 16 mars dernier, c’était une évidence que l’on se retrouverait bientôt. Mais le temps passe et nombreux sont ceux qui après avoir goûté à une autre vie, plus douce et plus calme, plus verte et plus fleurie, plus reposante et moins stressante se demandent s’ils n’aspirent pas à te laisser tomber pour de bon.

Il faut dire que le confinement nous a fait prendre conscience qu’il est si bon de pouvoir revenir aux choses essentielles, simples, dénuées de tous les excès auxquels tu nous as habitués. Et si nous étions en train de nous rendre compte que l’on peut mieux vivre sans toi ?

Loin des yeux, loin du cœur : on t’avait prévenue.